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Les syrphes de Bourgogne-Franche-Comté enfin recensés

Comme pour bien des pollinisateurs, la diversité des syrphes est longtemps restée ignorée. Un grand pas vient d’être franchi pour leur inventorisation.

À quoi ressemblent les syrphes ?

Ils appartiennent à l’ordre des diptères, celui des mouches. Les insectes ont 4 ailes, mais chez les diptères (étymologiquement « qui a deux ailes »), l’une des paires est atrophiée. Les syrphes se différencient des autres mouches par la nervation des ailes. La plupart miment des guêpes ou abeilles avec leurs rayures noires et jaunes et/ou leur abondante pilosité, mais leur vol stationnaire permet de les en distinguer. Si déterminer les espèces demande généralement une loupe binoculaire, quelques-unes sont distinguables à vue, comme le Syrphe à moustache dont les lignes noires de l’abdomen évoquent une moustache et l’Éristale des fleurs dont le dessin thoracique fait penser au symbole de Batman.

Pourquoi les syrphes sont-ils d’excellents bioindicateurs ?

Les adultes sont floricoles : leurs pièces buccales en ventouse absorbent le nectar. En revanche, les larves ont des besoins distincts selon les espèces : certaines se nourrissent de pucerons, d’autres de plantes, de bois mort, ou de champignons. Leur niche écologique est souvent très stricte. La larve d’une espèce ne fréquente que les arbres morts de gros diamètres encore sur pied, tandis qu’une autre recherche exclusivement les matières organiques en décomposition sur le bord des cours d’eau. Ces exigences permettent aux scientifiques de détecter l’existence de microhabitats parfois insoupçonnés et d’évaluer la richesse et la bonne santé d’un milieu. De plus en plus de gestionnaires d’espaces naturels s’intéressent aux syrphes afin d’orienter leurs mesures de protection et de gestion.

Quelle connaissance en avons-nous ?

Le nombre de données a considérablement augmenté à partir des années 2010, où beaucoup de tentes Malaise* ont été posées dans les Réserves naturelles de Bourgogne-Franche-Comté sous l’impulsion des Réserves naturelles nationales du lac de Remoray et du ravin de Valbois dans le Doubs. La quête de données historiques, notamment issues des collections des Muséums d’histoire naturelle de Dijon et Besançon, a aussi offert un aperçu plus large des répartitions passées. On sait que près de 400 espèces fréquentent notre territoire. Seule la moitié était connue au seuil des années 2000 ! Pour autant, il ne faut pas croire que cette biodiversité est nouvelle ou bien portante. Au contraire, l’abondance et la diversité spécifique régressent, en témoigne la dégradation des résultats des piégeages sur la RNN du lac de Remoray en 10 ans.

Dominique LANGLOIS, Conservateur de la Réserve naturelle nationale du ravin de Valbois

Grâce au vaste travail de la communauté des gestionnaires d’espaces naturels avec l’appui d’experts en syrphes, un catalogue des syrphes de Bourgogne-Franche-Comté a vu le jour en 2022. La dynamique se poursuit avec la préparation d’une Liste rouge régionale des espèces menacées qui devrait s’achever courant 2024. Construite selon la méthodologie de l’UICN*, cette liste offrira une vision affinée du niveau de rareté des espèces, de leur répartition et des habitats fréquentés, pour pointer quels syrphes sont menacés de disparition. L’enjeu est important pour préserver ces pollinisateurs. A fortiori, de nombreux syrphes sont forestiers, or il existe très peu d’espèces forestières « à statut ». Des syrphes reconnus comme en danger pourraient à l’avenir attirer l’attention sur certaines forêts.

Mini glossaire

Tente Malaise : piège à insectes constitué d’un tissu tendu ressemblant à une tente.

UICN : Union internationale pour la conservation de la nature.

Pour en savoir plus…

Retrouvez plus d’informations sur les méthodes d’inventaires et la répartition géographique des 373 espèces de syrphes recensées Bourgogne Franche-Comté dans le n°35 de la revue BFC NATURE.

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